vendredi 27 mars 2020

Cher Dieu

Cher Dieu,

Je te nomme Dieu, mais je sais que tu es plus grand que n'importe quel nom, et trop sacré pour en porter un. Chaque culture te nomme différemment et pourtant tu n'es d'aucune religion, juste cette force de vie dont est fait tout ce qui est.

Premièrement, je voudrais te remercier du fond du coeur pour l'abondance et la magie dont tu sèmes ma vie depuis trente-neuf ans maintenant. Je te remercie de m'avoir toujours procuré ce dont j'avais besoin, même lorsque je ne le savais pas. Je te remercie de m'avoir protégée, peu importe où je mettais les pieds. Je te remercie d'avoir éclairé ma route de soleil, même dans les moments de chute, de confusion ou de solitude.
Je suis immensément reconnaissante pour ma chance et tous les privilèges que tu as mis à ma disposition. Je ne comprends pas encore bien le pourquoi, mais je te promets de tenter d'en faire quelque chose de beau.

Deuxièmement, je voudrais te présenter mes excuses. Je m'excuse pour ma petitesse, pour mes faiblesses. Je m'excuse d'être remplie d'ego, de complaisance, de jugement, d'insatisfaction. Je m'excuse pour tous mes manques et défauts, pour mon ignorance d'être humain.
Et je demande pardon pour le monde aussi; parce que partout où j'échoue, où je suis faible, le même se reproduit dans le monde, à petite et grande échelle. Je suis part de tout cela, je ne peux m'en détacher.
Je suis la saleté dans les ruelles, les enfants qui ont faim, les fusils et les poings, les frontières en barbelés dans tes vastes prairies.. La misère, la peur, la haine, la guerre, la honte. Je suis responsable aussi et cela déchire mon coeur. Je m'excuse.
Je suis petite, humaine, mortelle, et limitée par ma condition.
Est-ce que le sens de la vie est de dépasser cette condition humaine, de dépasser la gravité et les faiblesses qui nous rapetissent?

Je ne sais pas bien pourquoi on vit, pourquoi on meurt, mais je sens dans mon coeur un sens à notre existence. Un sens que l'on peut seulement voir quand tu nous élèves, Dieu.
Alors, je voudrais te demander de nous aider, de nous guider. De nous élever.
Merci.

jeudi 20 juillet 2017

Ton Paradis dans ton Enfer

Un dégât d'eau qui m'en apprend sur la vie.

J'avais déjà l'évier de la cuisine bouché,  puis j'ai fait tourner une machine à laver.
Quand je suis revenue chez-moi, il y avait de l'eau partout, et les vidanges des tuyaux aussi.. Beurk.
C'est sale, ça pue, il faut faire quelque chose. Quoi? Nettoyer. Me mettre les belles petites mains là-dedans?! Oui.
J'ai enlevé mes vêtements pour me salir le moins possible, ai rempli une bassine d'eau savonneuse et me suis mise à la tâche. J'ai frotté partout; sols, comptoirs, petits coins qu'il ne faut pas oublier.. Quand j'ai eu terminé, je me sentais aussi sale que l'eau dans le bac. J'ai pris une longue douche chaude, et je suis redevenue propre et fraiche comme une rose. La cuisine aussi.

Si on veut quelque chose dans la vie, il faut y mettre les efforts.
Si on veut du propre, il faut laver. Si on veut du beau, il faut embellir. Si on veut de l'amour, il faut aimer. Si on veut monter le Mont Everest, il faudra grimper.
J'ai compris qu'il n'y a pas de séparation. Le sale d'un côté, et le propre de l'autre. Le propre est dans le sale. Il s'agit de le faire émerger.
Il n'y a pas le beau et le laid, l'amour et la haine. Il n'y a pas à choisir entre les deux.
Il y a le beau et le laid, qui sont un seul et même. Il faut seulement arroser le laid pour qu'il devienne beau, ou laisser fâner le beau pour qu'il devienne son opposé.

On n'a pas à choisir entre ce qui est, ou rejeter ce qui ne plaît pas. Il y aura toujours tout qui se retrouve dans tout. C'est un cycle. La vie, la mort, la jeunesse, la vieillesse, le début, la fin, le vide, le plein... La vie contient la mort, ce n'est pas deux éléments distincts. Et le plein n'est que du vide rempli.

Il faut arrêter de lever le nez, de choisir ce que l'on prend de la vie. Pour avoir ce que l'on aime, il faut prendre le tout. Passer par le sale pour trouver ce qui brille.
Il y a une citation qui dit: 'Tu trouveras ton Paradis en creusant dans ton Enfer'.
Ou bien comme moi, en nettoyant ta cuisine.


mardi 11 juillet 2017

Tattoos

Du siège où j'étais, je ne voyais que son bras couvert de tattoos, caresser les cheveux de son fils pour l'endormir.
Je l'ai observé pendant tout le voyage. Il a d'abord installé son garçon à côté de lui, devant l'écran portatif où il allait pouvoir regarder un film, et déposé un goûté au chocolat accessible de ses petites mains.
Pendant ce temps, papa jouait sur son téléphone. Facebook, textos, sa vie à lui..

Moi, de l'autre côté de l'allée, j'étais allongée vers la fenêtre et mes pieds dépassaient le fauteuil.
Il ne voyait de moi que mes pieds, je ne voyais de lui que ses tattoos.
La forme n'a pas tellement d'importance, il n'y a que le fond qui compte. On regarde les gens, on observe autour, et on décide: il est gentil parce qu'il a une grosse moustache, elle n'est pas drôle, elle a les lèvres pincées, il a la classe, c'est sa cravate..
On décide où est le vrai, où est le faux. Ça c'est de l'amour, ça c'en n'est pas.
Les apparences. On définit, selon ce que l'oeil voit. Mais ce n'est pas l'oeil qui sait, c'est le coeur.

Quand on était près d'arriver, le papa Tattoo a très délicatement caressé le visage de son fils pour le réveiller. Il lui parlait tout bas. Puis, il a ouvert les rideaux, lui a expliqué où on était..

L'amour ce n'est pas confettis de couleurs, klaxons et ribambelles.
L'amour, la vie, ça ne fait pas de bruit. C'est juste là, posé, comme une fleur qui ne demande rien. Ce n'est pas un verbe, c'est une respiration.

Quand il a eu son fils sur ses genoux, je n'ai pu m'empêcher de les regarder du coin de l'oeil, en me redressant. Nos regards se sont croisés, il m'a sourit. Il ne savait pas que je l'observais depuis tout à l'heure.

L'amour que l'on donne voyage, peu importe d'où il part et comment, même timidement, il colore au-delà les vallées que les trains arpentent.

dimanche 2 juillet 2017

Babylone

Hier, j'ai lu sur une machine distributrice dans le métro:
"Dans le monde de Selecta, les bouteilles tombent comme des quilles.."
Dans l'ambiance sombre et sale du monde souterrain de la ville, où les sourires sont aussi rares que les cerfs-volants, cette petite phrase m'a emportée ailleurs.

J'ai soudain vu tout un monde en couleurs, sortant en virevoltant, dansant, chantant, de la machine distributrice. Et cela m'a fait réfléchir.
Ce monde d'édifices, de pavés, de gris.. Cette vie de métro, boulot, dodo, où les gens courent à perdre leur souffle sur un tapis roulant de temps qui file trop vite. Où on leur vend du rêve dans une voiture encore plus belle, un téléphone portable, des agences de rencontres.. Et où ils plongent, tête la première, nourris d'espoir, en quête d'un quelque part où s'échapper, où respirer. Où rêver.

Qui a créé cette société qui n'est pas bonne pour l'être humain?
On l'a créée au départ pour favoriser l'économie, le travail, la productivité. C'est un monde où tout est efficace, rapide, pratique. Des bus, arrêts de bus, métros, des endroits où acheter à manger, des fast food parce que les gens sont pressés, des garderies parce que trop occupés pour rester à la maison, des Facebook parce que plus de temps pour se voir.
C'est le monde que l'on a créé, pour les besoins que l'on avait, les priorités que l'on a choisies, et la conscience du moment. Mais ce qui me donne immensément espoir c'est qu'il existe des millions d'autres mondes que l'on peut créer aussi..

Des mondes où l'amour est la priorité. Des mondes qui privilégient la nature, la planète, les végétaux, les animaux.
Des mondes où on reçoit une éducation du Soleil, où les fleurs nous enseignent, où la Mer nous sert de guide.
Des mondes où on parle en musique. Des mondes de silence, de fonds des mers, de ciels étoilés.

Tout ces mondes peuvent exister aussi, il n'y a pas que ce monde d'asphalte et de billets Monopoly.
Il n'en tient qu'à nous de choisir.

vendredi 5 mai 2017

Vivre dans la jungle

La plus grande des souffrances provient simplement du fait qu'on ne peut changer les autres.
Ils sont comme ils sont, ils font les choix qu'ils décident de faire et posent les actions qu'ils veulent bien.
La dernière fois que j'ai été immensément triste, je me suis demandé: Qu'est-ce qui te blesse à ce point dans ce qui arrive?
Ce qui me blessait était en fait mon interprétation des paroles et gestes d'une personne, de ce qu'elle pensait de moi. Ses mots et actions avaient eu une signification telle pour moi, et j'aurais souhaité que cette personne agisse autrement.

Puis, j'ai eu une grande, immense révélation ce soir-là, les larmes plein les yeux, au fin fond de mon désespoir.. :
Ce qui me rend si triste c'est seulement que je souhaite les gens, et les situations, différents de ce qu'ils sont réellement. Ce qui me blesse c'est le choc entre l'idéal que je me fais d'eux, ce que je souhaiterais de tout mon coeur, et la réalité, la vérité de leur faits et gestes.
Je voudrais ajuster la réalité pour la rendre plus belle, ou pour qu'elle corresponde à mon monde à moi, à ma façon de voir..

Quand j'ai compris cela, j'ai accepté de laisser les gens agir comme ils le souhaitent, de faire leur choix, même s'ils sont parfois horribles, méchants, bouleversants..
Je me suis dit que chacun parlait son propre langage, et que je ne pouvais demander au monde entier de parler le mien. J'ai essayé déjà, et ce n'est pas tout le monde qui possède le même alphabet.

Alors, j'ai imaginé chacun de nous comme une espèce animale différente. Il y a des félins, des reptiles, de légers papillons, des batraciens..
On ne doit pas se surprendre qu'un lion rugisse et cherche ses proies. Ni qu'une sauterelle s'évade en sautant. Ni qu'un serpent se faufile et morde ce qui bouge.

C'est à moi d'être lucide sur la vérité de chacun. Ne pas prendre un éléphant pour un oiseau, parce que je risque d'être déçue quand je lui demande de voler.
Et ne pas aller trop proche de la gueule des crocodiles, parce qu'ils ont beaucoup de dents et une très grande mâchoire qui claque.
On peut aimer la nature au grand complet, mais on se doit d'observer son cycle et les lois de la jungle, pour rester en vie parmi les loups.