Sur l'eau

Comme un lâcher-prise, soudain. Comme quand on ne voit pas ce qu'il y a devant mais qu'on n'a plus peur. Quand le pire peut être là et qu'on le regarde s'approcher. Il y a comme une paix, une grande confiance. Comme être dans le brouillard le plus complet et savoir que l'horizon se cache derrière, à perte de vue. Etre sur un radeau mais se savoir sur un navire.

Et qu'est-ce que je peux faire d'autre qu'avancer sur mon radeau? Sauter à l'eau, par peur? La peur nous amène à faire le pire. Quand on saute à l'eau, on croit se protéger alors que l'on commet l'inverse. On risque notre survie. La peur nous pousse à détruire ce qui est.
Rester sur le radeau -garder confiance, cultiver l'espoir, demande beaucoup de force et de courage.
Je me rappelle tout juste un rêve que j'ai fait récemment: J'étais à une fête, la nuit, chez des inconnus. Quelqu'un me dit de faire attention, que je vais être assasinée cette nuit. Comme je prends soudain peur, je veux absolument fuir. A n'importe quel moyen. Je demande donc à n'importe qui de me ramener chez-moi. Encore plus dangereux que de rester à la fête!
Voilà ce qu'on commet par peur- bien pire que ce que la vie nous présente. Qui a une raison d'être mais qui demande courage à assumer...

Je reste sur mon radeau. Vous pouvez même embarquer aussi. Je sais qu'il est solide, même s'il semble tout frêle. Il y a beaucoup de nuages, de brouillard devant moi. Mais c'est pour protéger un soleil étincellant, cacher un bleu merveilleux.
Je reste sur mon radeau, malgré tout. Le voyage est parfois dur. Mais la vue est si belle.