Je devais aller prendre le bus. Dans 10 minutes qu'il partait. J'espèrais que quelqu'un m'embarque. Il faisait froid, j'en avait marre. J'avais les mains gelées. Je me disais que je détestait le Québec, et l'hiver, et tous les flocons de l'univers- même s'ils se faisaient jolis, délicats, soyeux, et tout et tout. Je les détestais tous! J'avais juste envie de pleurer, mais j'avais peur que mes larmes gèlent, à -30. Ca peut sûrement arriver! Alors, on pleure pas à -30! On est forte.
Finalement, j'arrête une voiture. Une petite voiture qui risquait de s'effondrer en avançant. On propose gentiment de m'emmener, même si j'allais loin. Les deux gars étaient en pause déjeuner et mangeaient un sandwich un peu mou avec une cigarette. Celui à la place du passager replie son siège vers lui pour me laisser passer derrière, et se retrouve le visage -et le sandwich, dans la boîte à gants. Je me dis que c'est une manière plus original que de sortir de la voiture.. Evidemment, il y a un fouillis à l'arrière, et j'ai peine à me tenir droite tant la voiture est petite. Mais je suis reconnaissante. Je ne raterai pas mon bus. Si la carrosserie tient bon!
Je m'intéresse à eux et fais la conversation. Le conducteur attentionné laisse la fenêtre ouverte parce qu'il fume. J'apprécie. Je fais abstraction du léger détail de la température extérieure. Je me concentre sur ce qu'il dit. Il sort de prison. Ah d'accord. "Moi aussi j'aimerais voyager. Je peux pas. A cause de mon statut. Casier judiciaire.." De toute façon, avec la voiture qu'il a, il ne pourrait pas aller bien loin.
"En tous cas, j'ai de la chance de vous avoir croisés!" dis-je, remerciant mes bons samaritains.
Très sérieusement, il me regarde dans son rétroviseur, et sa voix se fait très puissante soudainement: " Ce n'est pas de la chance. C'est la bénédiction."
"Ah oui? Et quelle est la différence?" Je demande, mais je sais qu'il a raison.
" La chance vient du malin. La bénédiction vient de Dieu."
Je n'oublierai jamais cette phrase, qui venait d'un coeur plein d'humilité et de gratitude.
J'ai bien béni leur visages et leurs vies, quand j'ai fermé la portière, arrivée à destination.
Je savais que je l'étais aussi. Bénie.
Il ne faut jamais oublier que cela vient de plus grand que soi.
Merci Xxx
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