Il y a abondance sur cette Terre. Et nous sommes seuls responsables de la partager pour la faire fructifier.
Je rentre de la pagode. Et je n'étais pas ni en Chine, ni en Asie. J'étais quand même la seule blonde.
En y mettant les pieds, je me sentais un peu étrangère. Comme à une fête où on n'est pas invité..
La cérémonie était terminée. On avait monté les tables pour le repas. Les mets étaient posés dessus. Cela avait l'air succulent.
Je me sentais un peu timide. Comme si je n'y avais pas droit, que cela me m'appartenait pas.
C'est notre éducation occidentale qui crée ce sentiment. Chacun pour soi. Tu manges ce que tu as ramené sur la table. Le pain que tu as gagné. Et si tu le manges seul, tant pis. Et mange-le vite pour ne pas te le faire prende. Et si on le mettait en commun notre pain? A la même table. Cela n'en ferait-il pas davantage?..
Je n'ai pas eu le loisir de me sentir seule très longtemps. Très vite, un gentil monsieur est venu me chercher pour me montrer une place libre. Et d'autres sont venus s'y installer. L'endroit ne payait pas de mine, ni les chaises, ni les tables. Toute la richesse était déposée au milieu de la table. Différents plats cuisinés avec soin, amour et générosité par des gens d'ici. "Qui?" J'ai demandé. Ils m'ont montré qui avait cuisiné cette semaine. Avec sa femme. Et lui aussi, cuisine parfois, il a un restaurant dans la ville.
J'ai fait une profonde prière avant de manger. Et conservée cette reconnaissance pendant tout le repas. J'espérais mériter. Mériter cette abondance offerte. On est si choyés d'être là.
L'homme à mes côtés nous sert tous d'un bol de riz. Puis, m'explique ce qu'est ce met, et celui-ci, et celui-là. C'est moi qui pose beaucoup de questions. Tout est végétarien. Tradition bouddhiste. Que de saveurs, d'arômes. Un délice.
Je me régale. Mais ce qui me nourrit avant tout c'est le partage. D'être ensemble. De manger tous dans les mêmes plats posés au centre. D'une nourriture cuisinée simplement, de certains plats qui exigent beaucoup de préparation. On m'a un peu expliqué, mais je n'ai pas tout compris. Ce n'était pas le français, mais surtout mes lacunes en matière culinaire..
Ces gens si accueillants et généreux, qui se réunissent tous les dimanches. Pour prier, manger, aimer.
Une culture où le soi n'existe pas sans le tout. Quand l'on reçoit ce que l'on donne.
J'ai parlé très longuement avec l'homme à ma droite. Puis, je suis montée à la salle de prière, à l'étage.
Sur le temple, des offrandes sont posées. Des fruits, des fleurs, des gâteaux.
J'ai eu la réflexion qu'en occident, on a l'habitude de prendre l'abondance, de la posséder pour soi. Pourquoi ne pas la déposer un peu? L'offrir. Laisser les fruits sur la table pour que d'autres se servent. Je trouve que la beauté est là. Dans le partage. Poser ses richesses comme des cadeaux. Qui ne nous appartiennent pas. Ou qui nous appartiennent à tous..
Une pomme est tellement meilleure quand on en offre la moitié. Quand on la coupe en deux pour quelqu'un que l'on aime.
"Tu reçois ce que tu donnes" C'est une question d'énergie.
Je reviendrai poser mes offrandes. Des fruits, des biscuits, du chocolat. Ma valise, ma brosse à dents..
C'est moi que je devrais offrir, tant je reçois!
Je les entends me dire: "Ton coeur."
Offre ton coeur, rien n'a plus de valeur.
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