dimanche 5 octobre 2008

Baguette magique

Je suis entrée dans une boulangerie. Je voulais acheter un petit cadeau pour un anniversaire. Bon je sais bien qu'on n'y trouve rarement autre chose que du pain. Et non, je n'ai pas l'habitude d'offrir une baguette en cadeau... Mais comme je m'y suis prise à la dernière minute, et qu'à cette heure tout était fermé. J'ai tenté la boulangerie- pour trouver, je ne sais pas, des chocolats?
Il était près de vingt heures. Les propriétaires étaient sur le point de fermer. Un couple. Comme on en voit souvent, le tablier plein de farine. Lui était derrière le comptoir et elle nettoyait la boutique. La dame devant moi a demandé une demi-baguette.
Le couple a alors commencé à se disputer. La femme disait que couper des baguettes comme ça c'était jeter de l'argent à la poubelle. L'homme, gêné de la réaction de sa femme, lui répétait de parler moins fort. Et plus il lui disait de se taire, plus elle devenait hystérique. Sur le "travail de chien qu'ils faisaient jour après jour". Sur le "visage de rat mort" qu'elle avait. Vieux, fatigué. Elle en avait marre. Elle était épuisée.

La dame devant moi est partie pendant ce temps, un peu choquée.
Je me sentais moi aussi un peu mal à l'aise. Mais j'ai senti toute la détresse de cette femme.
Cette femme qui avait simplement besoin d'être entendue.
Elle avait dû se lever à l'aurore comme à chaque matin. Pour se mettre aux fournaux.
Pour que chacun puisse venir chercher du bon pain chaud- et le dévore sans même penser à tout le travail qu'il y a dans cette mie chaude. Tout le chemin de la farine jusqu'à cette baguette dorée.

Puis, j'ai parlé avec elle. Je voulais prendre le temps. L'écouter réellement.
Elle a continuer à s'agiter un peu. A me parler de sa fatigue, de ce visage horrible qu'elle avait.
Et je lui ai dit que c'était faux, qu'elle avait très bonne mine. Un très beau visage. "Vous avez moins de rides que moi!" Elle était un peu désarçonnée. Elle s'est adoucie. "Quel âge vous me donner?". "Je vais avoir 44 ans demain." Elle me serrait les mains en parlant.

C'était son anniversaire le lendemain! J'étais si émue.
J'ai regardé son mari en souriant. "Un beau gâteau pour demain, alors!.."
Je lui ai fait un clin d'oeil.
J'ai demandé à cette femme, qui était maintenant si touchante : "Qu'est-ce que vous souhaitez pour votre anniversaire?" Elle m'a répondu, avec des yeux magnifiques: "Mon mari."
J'ai serré ses mains qui m'entouraient.
Je leur ai dit aurevoir et suis sortie, le coeur immense.
Et j'ai senti derrière moi une vague infinie d'amour.
Quelque chose de magique.

Je ne me suis pas retourné, mais les ai imaginé s'embrasser...

1 commentaire:

Priscilla Priky Plume a dit…

Oh! ma jolie petite fée Bouclette! ça fait plaisir de te voir ici! et de te lire... à très vite alors, pour de nouvelles aventures!
bizzz