jeudi 9 octobre 2008

Ta main

Je passais dans la rue. Il m'a fait un signe de la main, de l'intérieur. Comme chaque fois. A chaque heure de la journée- midi ou soir, il est là. Dans son minuscule resto indien où il travaille. Petit resto toujours rempli qui sent bon le riz et les épices. Il me sourit. Il semble toujours si heureux de me voir passer. Comme s'il ne m'avait pas vu depuis des siècles. Alors que je passe devant presque chaque jour. Son sourire me rappelle les couleurs de l'Inde et les thés Chaï. Cela me fait chaud au coeur. Surtout quand il pleut ou qu'il fait froid.

Parfois, quand il est près de la porte, il sort me serrer la main. Une main toujours chaude. Réconfortante. Moi, je suis toujours un peu à la course. Et je fais voler un sourire et quelques battements de cils. Mais j'essaie de m'arrêter. De prendre le temps. Quelques mots, un regard- ce n'est rien et tellement à la fois.

Aujourd'hui, quand je suis passée, il était à la porte. J'aurais cru qu'il m'attendait.
J'ai eu droit à sa main chaude plus longtemps contre la mienne. L'homme avec lui m'était familier aussi. Un habitué du restaurant- il y est tous les soirs. Il habite le quartier. On se croise souvent.
J'étais un peu fatiguée. Dans mes pensées. Ces jours où il fait plus froid qu'à l'habitude. Et on ne sait pourquoi.
Il a insisté pour que je rentre prendre un verre.
"C'est que je dois.. J'allais.." J'ai accepté.
Et je suis resté un peu dans la chaleur de ce petit coin de nul part, où des petits bouts de tout le monde se rassemblent. Je suis restée le temps d'écouter leurs histoires. Le temps de partager un peu de ma vie. Il faisait bon comme au coin du feu. Cela m'a réchauffée.
Cela et le verre de vin...

Et je me suis dis que la vie est belle. Que l'on n'est jamais seul. Que tout est à porter de mains. Souvent, on passe à côté sans le voir.
Mais que ce soit au petit indien du coin, à l'épicerie, chez le voisin-
il y a toujours une main chaude tendue quelque part...

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