Dans une canette...

J’ai réfléchit et je crois que l’on est tous à chercher la même chose.
On cherche tous une façon de remplir le vide de notre existence.
Chacun lutte avec sa propre vacuité.
Vacuité pleine- mais vacuité quand même.

C’est cette vacuité du temps, de l’espace, de la vie qui angoisse. Cette vacuité qui est aussi infinité, absolu, immensité.

J’avais des millions de trucs dans la tête, le temps qui défilait devant moi et la peur de ne pas en faire ce que je dois. La peur de perdre mon temps, qu’il file entre mes doigts. La peur que le temps m’échappe sans que je ne puisse l’arrêter, le goûter, le croquer. La peur que le temps passe sans que je puisse le retenir et le garder infiniment…

J’ai descendu l’escalier de mon immeuble. J’ai vu ce voisin, assis seul sur son balcon, à fumer une cigarette. Il buvait une canette de bière, les doigts occupés sur son téléphone portable. Son regard était rivé dessus. Il ne m’a pas vu passer tout près. Il ne m’a pas regardé. Son univers semblait être réduit à son petit bout de monde. A un petit bout de balcon, entre deux immeubles, quelque part en californie…

Je me suis dit que c’est ce qu’il avait choisit de faire de sa vacuité. Et que c’était peut-être bien réconfortant. Pour lui.

J’ai réfléchi et je crois que la vacuité est l’espace infini que l’on a devant soi, et en soi. Et c’est très angoissant de trouver quoi en faire. Comment l’habiter.
J’ai réfléchi et je crois que si l’on possède tous cette vacuité, c’est qu’elle n’est qu’une.
Cette vacuité ne fait qu’une et nous relie.

Et je crois que la seule façon de vaincre cette vacuité est de ne pas la vaincre, en fait.
La seule façon est de la partager. Parce que les seuls moments où on ne souffre pas de cette vacuité sont ceux où l’on se donne -à quelque chose, ou à quelqu’un.
Quand on s’engage totalement dans ce que l’on fait, dans le moment, on ne ressent plus l’angoisse du vide. Donc, quand on partage et ne fait qu’un avec sa vacuité.

Alors, installons-nous tous avec lui et buvons tous à sa canette!