Oublier son petit monde dans un grand..
Je revenais de l'aéroport. Assise dans le RER, le train vers chez-moi. Crevée, hâte d'arriver enfin.
Dans mes pensées, dans mes histoires... De vie, d'amour, de compte en banque dans le rouge. Dans ma bulle. Que personne ne me dérange. J'aurais pu mettre mes lunettes soleil pour ne pas être vue.
J'entends le cri d'une femme. Je ne fais pas tant attention. Puis, des gens alarmés. Une femme fait un malaise. Une crise d'épilepsie. Y-a-t-il un secouriste, un médecin? Non. "Il faut appeler les secours. Arrêter le train" "Il ne faut pas qu'elle avale sa langue."
Ma première réaction, comme plusieurs, c'est d'avoir un peu peur.
Soit les gens s'éloignent, soit ils s'approchent, par curiosité, pour regarder.
Je m'avance. Je réponds au chauffeur qui a arrêté le train et qui parle dans le micro.
Je m'avance tout près de la jeune femme par terre. Je la touche. Je lui parle. Une autre femme lui donne un peu d'air en agitant son éventail. Je demande de l'eau. Il fait une chaleur horrible. Quelqu'un apporte une bouteille. Et je lui pose de l'eau dans le cou, sur les bras, sur le front, pendant qu'elle reprend un peu conscience. En attendant les secours, qui mettent une éternité à arriver. Un homme à côté ne cesse de lui poser des questions pour la faire parler. Elle ne comprend rien et parle de trucs incompréhensibles. Je souris et j'acquiesce à ce qu'elle dit. Pour la rassurer. Elle me regarde un peu perdue, mais me sourit. Je sens qu'elle se sent bien.
Le train est arrêté depuis un petit moment et les secours ne sont toujours pas là. Cela me fâche.
Quand l'équipe de pompiers de Paris arrivent, je leur dit que c'était long. Ils me regardent de travers, considèrent à peine la femme par terre. Lui parlent comme si elle avait fait un délit. En lui posant des questions sèchement, froidement. "Vous rappelez-vous de ce qui s'est passé? Etes-vous épileptique diagnostiquée? Quel jour on est?"
Elle est confuse et me regarde. Je lui dit, en riant, que je ne le sais pas moi-même. Ils répondent que ce n'est pas à moi qu'ils posent la question. Quels cons!
Mais ils sont très fiers de leurs uniformes et de tenir la main à leur femme le soir, en tant que "Sapeur Pompier". Mais qu'est-ce qu'on s'en fou de votre titre! Si vous n'êtes pas capables de vous oublier un peu pour faire votre boulot. Et non pas pour qu'on vous regarde le faire, mais simplement pour que cette femme respire un peu mieux. Qu'elle reprenne la couleur de ses joues. Juste ça. Avec ou sans uniforme.
Mon coach d'art dramatique, Robert Castle dit toujours: "It's not about you. It's about us."
Je m'en suis rappelé aujourd'hui quand j'ai frotté un peu d'eau sur les mains de cette jeune femme.
En oubliant ma vie, pour protéger la sienne.
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