Elle vît à Laval. Elle travaille entre quatre murs, incognito dans un bureau toute la journée. Elle est fonctionnaire, comme il y en a des tonnes. Mais sans son coeur sur cette Terre, la planète pencherait un peu sur le côté. Un peu trop sur la droite, ou sur la gauche. Je ne sais pas, puisqu'elle est là.
Elle me dit: "C'est facile, personne n'a besoin de savoir. Je fais cela dans le métro, le matin. Il y a beaucoup de monde. Personne ne s'en rend compte."
Elle me parle plus bas "Je dis: c'est parti; on y va. Je me connecte. Et hop, mon coeur devient gros, gros, gros. Et je distribue. Tout l'amour qui arrive en rafale. Je le donne aux monsieurs, madames dans le métro. Ils ne le savent pas. Pas besoin. Ils continuent leur journée. Et soudain, ils se sont sentis différents. Et cela va peut-être changer leur journée. Et ils se diront: Tiens, c'est bizarre comme je me sens aujourd'hui."
Elle me dit: "On n'a pas le choix. C'est notre rôle. Il faut donner du beau. Il faut des gens pour donner du beau, pour balancer avec le noir. Sinon, on est foutus. Ça nous revient de toute façon. D'une autre manière. Et si on ne s'en rend jamais compte, de ce qu'on reçoit, on l'aura fait au moins pour l'humanité."
Elle me dit: "C'est comme les gens au Tibet, sur leur montagnes. Ils donnent toute la journée. En silence. Sans demander. S'ils ne faisaient pas leur travail, l'harmonie de la planète en souffrirait. L'équilibre serait perdu."
Plus bas, en confidence: "C'est facile. Le soir, quand tout le monde est couché. Je sors sur le balcon. Je m'installe, je prends une grande respiration. Et go, univers, envoie! Et ça arrive. Très très fort. Toute l'énergie. Et je redistribue."
Moi: "Yen a jamais trop? On peut pas rester avec trop d'amour?"
Trop d'amour, ça n'existe pas. C'est de ne pas le donner, qui existe.
Trouver le moyen.
Comme cette femme. Incognito.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire