Elle était toute petite et tout menue, quand elle alla voir le grand sage. Il avait tant vécu, tant réalisé de sa vie. Il la vît comme une verte tige, plus robuste et solide qu'elle n'y paraît.
Elle voulu savoir comment. Comment exister. Elle voulait écrire autant de livres, parcourir le monde comme il l'a fait. Elle voulait posséder ses connaissances, son savoir, sa richesse. Elle voulait la puissance inébranlable du sage.
Ce que je vais te dire est malheureux, mais que tu peignes le plus magnifique des tableaux, que tu signes le plus grand chef d'oeuvre, ne te donnera jamais ce que tu cherches. Ce que tu auras créé, tu le détruiras le jour d'après. Ce qui sera fait restera toujours derrière. Et c'est vers l'avant que tu veux exister.
Si je te dis que la puissance que tu cherches, tu l'avais à ton premier cri. Si je te disais que pour exister il ne s'agit que de vivre. Tu trouverais cela ennuyeux. Juste vivre ce n'est pas assez.
Faut-il se laisser porter, nonchalamment, vivre à tout hasard? Non. Mettre de soi ici-bas. Oui.
Est-ce que cela t'apaisera, au crépuscule de ta moisson? Peut-être pas. Il restera toujours de la poussière à nettoyer. Et des champs à semer.
Tu existes par ce que tu fais. Mais attention, tu verras qu'il y a des gens qui t'aiment peu importe. Qui n'ont rien à faire de tout ce que tu t'agites. Cela te rendra triste. Mais c'est qu'ils ont vu en toi mieux que toi-même. Ils ont vu en toi ce que ton plus grand chef d'oeuvre ne saurait même égaliser.
Creuse en toi. La toile est sans doute déjà peinte.
La jeune tige verdoyait plus vert qu'elle ne le croyait.
1 commentaire:
Parce qu'on cherche toujours à montrer cette oeuvre. Parce qu'elle ne nous apparaît pas. Ne nous apparaîtra jamais. Ni à moi, ni à toi. Peut-être à nous, entre deux chaises sur le bord d'un café au lait.
Merci pour ces bulles au cerveau!
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