Rentrées toutes les deux se réchauffer dans ce petit chinois qui fait de bonnes soupes chaudes, nous avons été placées l'une en face de l'autre. Miroir l'une pour l'autre le temps d'un instant.
J'attendais ma soupe, elle m'a fait goûter son plat. Elle vient ici avant d'aller à l'église. C'est juste à côté. Elle est chinoise, grandie à Paris. Mariée maintenant, et trois enfants. Un turc son mari.
"Il a un pressing. Moi je fais des retouches. On ne travaille pas ensemble."
Elle est mariée depuis longtemps. "Tu l'aimes ton mari?" J'ai un peu voulu ravaler ma question. Je me doutais de la réponse. Moins jolie que dans mes histoires de prince charmant.
"Ca va.." C'était ça, la réponse. Ça va.
-Quand il y a les enfants, on fait les efforts. On accepte l'autre. Même si cela ne nous convient pas toujours. On reste ensemble. Il faut, pour les enfants.
"Et s'il n'y avait pas les enfants?" Bon je sais, je suis insistante.
-Peut-être pas. Mais tu sais, c'est difficile de trouver une autre partie de soi-même. C'est grand le monde pour le trouver.
C'est grand le monde pour le trouver. Ah, pour ça. Si tu savais!
Elle me dit: "C'est bien, tu profites". Je précise ici qu'on ne parle plus des hommes. Mais de la vie.
-Mais toi aussi. Non?
-Pas beaucoup de temps pour profiter. Quand les enfants seront grands, je vais pouvoir profiter comme toi!
Quand tes enfants seront grands, les miens seront sans doute petits, où bien j'aurai rasé ma tête dans un village du Tibet. Qui sait vers où nos choix nous mènent.
Si on s'applique, peu importe le bout de tissu...
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