Mon petit neveu de quatre ans était chez-moi. Après le repas du soir, c'était le temps de mettre le pyjama. On était tous autour de la table à le regarder. Il a fait le clown en enlevant ses pantalons, tout fier, a montré ses fesses, puis sa zigounette. On lui a dit de la garder pour lui, que c'était sa zigounette à lui. Précieuse petite zigounette qui te servira bien...
Je me suis dit que c'était tellement naturel d'être tout nu comme ça. Qu'on avait perdu cela, avec toute la pudeur qui nous habille. Et je pense que l'on s'y est un peu dénaturés.
Évidemment que dans un pays comme le Québec, surtout en hiver, on ne pourrait pas sortir sa zigounette à l'air sans qu'elle ne se transforme en glaçon, ou qu'elle ne disparaisse sans laisser de trace. Je suis toutefois convaincue que si la nudité était mieux vécue et véhiculée, les rapports en seraient grandement transformés. Pour une intimité, une proximité plus simple et accessible entre nous.
Pourquoi est-ce que l'on cache nos corps comme un trésor secret? Est-ce que les yeux de l'autre sont vraiment à craindre? A-t'on besoin de préserver le physique; n'est-ce pas plutôt l'intérieur, l'âme, le véritable joyau?
Dans certaines cultures, il en est autrement. Le corps est célébré, dans sa forme et dans son expression. Je pense que la première rencontre passe par le corps, qu'elle permet d'accéder à plus grand ensuite. Dans nos sociétés à nous, faites de tabous et de pudeur, on a fait tout un plat de la nudité, de l'intimité. Les couches sont donc plus nombreuses entre nous, et il demeure plus difficile de se rejoindre dans cette toile d'araignée...
Je ne sais pas s'il faut vivre la zigounette à l'air libre. Mais pourquoi pas.
On dit du travail d'un acteur qu'il doit apprendre à "être intime en public".
Je pense surtout que ce qui est beau c'est d'être intime face à l'autre.
Parce qu'être vraiment nu, ce n'est pas qu'une histoire de corps.
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