Étincelle

Je refuse.
Pourquoi est-ce qu'on devrait perdre ses illusions quand on vieillit?
Comme on perd ses cheveux, ou l'élasticité de sa peau.
Je ne parle même pas d'un âge très avancé. Je parle de devenir adulte. Et de cesser de croire.
Je pourrais citer des milliers d'exemples de gens près de moi. Qui ont, pour une raison ou une autre, perdu l'éclat du regard dans une certaine sphère de leur vie. Une étincelle qui s'est envolée. Il ne faut pas. On se doit de protéger les étincelles!

J'ai une cousine qui rêve d'avoir des enfants. Depuis toujours. Elle envie ma soeur, qui en a cinq. Je crois bien qu'elle souhaiterait secrètement se marier aussi. Mais surtout, elle voudrait vivre un amour qui dure. Plus concrètement; réussir à garder un homme enfin. Ils partent toujours, et avec eux, l'espoir de fonder une famille un jour...
Le dernier vient de la quitter. Ils avaient pourtant une maison ensemble, un chien. Ils sont même allés en thérapie de couple. Elle n'ose pas l'annoncer à ses proches. Elle a la nausée de ces yeux remplis de pitié posés sur elle. Et d'entendre encore: "Oh non, c'est pas possible, la pauvre. On pensait que c'était le bon. Elle qui voulait avoir des enfants, elle n'est plus toute jeune..."
Elle a 35 ans: tout va bien! Une femme peut avoir des enfants jusqu'à la quarantaine, avec un peu plus de vigilance. Sinon, il y a l'adoption aussi.
L'espoir existe toujours. Mais c'est lorsque l'éclat se brise que le possible s'effrite aussi.

Dans mon monde, on s'aime d'amour, même sans maison, chien et compte conjoint.
Dans mon monde, quand on veut avoir des enfants, c'est parce qu'on s'aime, qu'on veut mettre plus d'amour dans ce monde, et fonder une famille de nous.
Dans mon monde, on n'achète pas l'amour, ni le planifie, ni le met dans l'agenda.

Dans mon monde, on fait l'amour encore à quatre-vingt ans.
Et les bébés peuvent naître dans des choux de Bruxelles.