Il m'a dit: fais un dessin. Mets dedans tout ce que tu veux. Toutes tes envies, tout ce que tu as dans la tête. Tout ce que tu vois. Tout ce que tu espères. Tous tes rêves. Tout ce qui fait ton monde, quand tu fermes les yeux.
On me disait "le plus difficile c'est le choc dans la réalité. Ça ne compte pas de simplement fermer les yeux pour être celui ou celle qu'on voudrait être. On est sur Terre en être humain pour affronter le monde de la réalité." En tentant d'y amener le bleu de nos rêves. C'est cela notre propos, notre témoignage, soi.
J'ai fait comme il m'a dit. J'ai fait un dessin, je me suis appliquée. Et c'était loin d'être aussi beau que ce que j'avais en tête. Souvent, les traits de crayon me décevaient. L'idée de dessiner la mer vs la mer que je dessinais. Qui n'était en rien aussi belle, aussi vaste, aussi pleine. Le bleu qui n'avait pas le même bleu, des vagues qui ne bougeaient pas, qu'on n'entendaient guère... Mais je décidai de continuer quand même. L'important c'est l'idée derrière le dessin.
J'ai fini mon dessin. En fait, je n'ai pas vraiment fini. J'ai manqué de blanc pour continuer.
Je ne sais pas s'il y a des gens qui manquent de rêves, moi j'ai mon dessin qui déborde. Peut-être que je pourrais leur vendre tous les autres rêves que j'ai dans la tête? Puisqu'il ne me reste plus de place pour les dessiner.. Hum. Je pense que des rêves ça ne se vend pas. Ou alors, ce serait comme mettre un enfant au Marché aux Puces. Ça fait trop mal au coeur.
Désolée, je dois garder mes rêves. Trouver une autre feuille, plus de blanc.
J'ai regardé mon dessin et je l'ai trouvé beau. Malgré tout. Malgré le fouillis de l'ensemble, et les coups de crayon qui dépassent. Puis, j'ai soudain été très très découragée. Je ne retrouvais ma vie nulle part dans ce dessin. Comment allais-je faire pour faire de mon dessin la réalité? Imiter Mary Poppins et sauter à pieds joints dessus? Ça n'a pas marché. J'ai approché mon visage le plus proche possible, il y avait des odeurs de ciel et d'océan qui venaient jusqu'à moi quand je fermais les yeux.. Mais j'étais toujours dans ma cuisine et non dans mon dessin.
Je lui ai demandé, en panique: Comment je vais faire?! Je n'y arriverai jamais!!
Il m'a dit: l'important ce n'est pas d'y arriver, ou de faire tout le dessin. L'important c'est la route.
La route vers le dessin. Un coup de crayon à la fois.
Pffft. C'est dur. Je suis sûre que je pourrais prendre des cours avec Mary Poppins..
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