Être ensemble

Je voudrais mettre tous les gens que j'aime dans mes poches. Les avoir toujours autour de moi. Je ne sais pas encore comment j'y arriverai, mais je cherche.
Il n'y a que le jour de son mariage qui puisse réunir tous les gens qu'on aime. Pourquoi faut-il des grandes occasions, que le temps et la distance éloignent?
Ou bien, je les mets tous dans une boule de verre. Celle qu'on secoue, avec les confettis. Comme ça, plus rien ne nous sépare, on est tous ensemble pour toujours.

Dans certaines cultures, on vit tous ensemble, dans la même maison: familles, belles-familles, grands-parents, enfants. C'est petit, on se dispute parfois, on se marche sur les pieds, on connait toutes les histoires de chacun... Mais on est tous ensemble. Pour braver la maladie, les drames, les difficultés. Et pour partager surtout; nos fardeaux, et nos joies. Parce que le bonheur comme la peine, c'est trop grand à porter seul.

La belle-soeur mère de famille donne ses conseils à la nouvelle maman. Le grand cousin devenu homme apprend la vie à  l'adolescent qui attend toujours son premier poil. Le grand-papa raconte son vieux temps, la tante encore vieille-fille berce un nouveau-né... En Inde, en Afrique: on forme une tribu. Des femmes qui font la cuisinent, qui se racontent. Pendant que des hommes rient, se chamaillent, réparent la maison du dernier neveu.
C'est comme un jardin qui se nourrit et se régénère. La terre stagne et dessèche sans ses autres éléments.

La vie est triste si elle n'est pas partagée.
La mort aussi. Ce sera si long si on est seul, qu'on reste seul, pour l'éternité. Ça me semble interminable, l'éternité.
Pas grave, la mort, si c'est tous ensemble. Si on est sûrs de pouvoir parler là-haut, se raconter comment on se sent, se dire qu'on est là...
C'est pour ça que c'est une bonne idée, la boule de verre. Être ensemble.
En plus, ce serait plus gai; il y a des confettis.