Pour nos forêts...

Dans certains pays, l'âge est synonyme de sagesse.
Dans certains pays, les vieillards sont comme de grands arbres, impressionnants par leur stature, par leur force, par leur vécu.
Des arbres imposants où l'on vient se recueillir, se confier. Sous des branches qui nous rassurent, nous enveloppent. Sous un feuillage qui nous protége de la pluie, du vent, du soleil.
Dans certains pays, on se prosterne et se tait devant ces arbres. Devant la solidité de leur écorce et leur puissantes racines, en silence face à l'histoire d'une sève qui a tant coulée.
Dans certains pays, les vieillards sont de grandes personnes. Et les grandes personnes ont à nous apprendre.

Dans nos pays, on tue ces grands arbres. Dans nos pays, les vieillards sont des arbrisseaux.
Dans nos pays, on réduit les vieillards. On marche dessus. On les rend faibles et misérables.
Dans nos pays, les vieillards sont rétrécis, ont les oreilles trop grandes, perdus leur dents et tout oublié.
Dans nos pays, on ne se tait pas devant eux- on parle plus fort parce qu'ils entendent mal.
On ne se retire pas près d'eux- on les enferme loin de nous.
On n'écoute pas leur sagesse- on rit de ce qu'ils répètent.
Dans nos pays, les vieillards ne sont plus ces grands arbres.

Parce qu'on se croit si verts déjà et si solides.
Parce qu'à trop admirer notre feuillage, on ne voit plus ces arbres plus grands que nous.
On ignore que ce sont les feuilles de ces grands arbres qui nous protègent du vent. Là-haut, au-dessus de nos branches.