lundi 18 octobre 2010

Elle est octogénaire, toute humble et toute menue. Elle tient un orphelinat à Haïti.
Quand je l'ai vue à la télévision, je ne savais pas si elle était homme ou femme. Tant son aspect physique est sobre et épuré. Cheveux courts, sans maquillage ni bijoux. Juste elle; un être humain qui contribue au monde. Et une force, une volonté, qui transcendait l'apparent effacement qu'elle affichait. Elle était juste là, pieds sur terre et tête droite, à tenter d'expliquer avec des mots ce qu'elle fait pour ces jeunes enfants à Haïti. Et des mots précis, francs, clairs. Rien de cette femme n'avait de chichis.
C'était pur, vrai et beau. C'était juste la vie qu'elle transmettait.

Juste une femme qui avait décidé de suivre son engagement jusqu'au bout. Une femme qui avait compris son rôle et s'y investissait avec toute la force de la vie en elle.
En oubliant ses heures de sommeil pour endormir un petit qui pleure et tremble la nuit.
En sautant parfois un repas pour en laisser plus aux enfants.

Complètement dans la vie, et dans le rôle qu'elle y joue à chaque instant.
Quand cet enfant saigne de l'oreille, qu'un autre lui est amené couvert de plaies. Qu'il faut donner le bain, qu'il faut rassurer. Nourrir, bercer, aimer.
"A chaque fois, essayer de redonner la vie.." dit-elle. J'aime bien. Redonner la vie. Comme une petite flamme toute faible et vacillante, à l'intérieur d'un être. Et souffler dessus pour la raviver, pour tenter de la garder en vie. Et la rendre plus grande et plus solide.

Tous l'admiraient, lui disaient qu'elle était incroyable, hors du commun. Elle était étonnée et presque choquée d'entendre cela. Et je la comprenais. "Je ne fais que faire ce que je dois faire" disait-elle. Oui.

C'est juste que c'est trop rare de simplement faire ce qu'on doit faire.
Tout nous pousse au contraire. Tout nous fait perdre notre véritable sens.
On est tous des êtres hors du commun dans un corps bien anodin.




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