Je suis partie en Afrique. Aider dans un orphelinat. Non, non pas avec Georges Clooney ni Brad Pitt.
Seule. Incognito. Les cheveux coupés très courts.
Pour remettre les choses en perspective, c'est le meilleur moyen. Je ne parle pas de ce que l'on nommerait la pauvreté. Parce que cela en n'est pas une. Ce que notre société valorise, ce que certains ont plein le frigo et dans les poches, ils l'ont ailleurs. Dans le coeur.
Quand il est dénudé, un joyau peut briller plus intensément.
En ayant peur de manquer, l'angoisse reste ancrée. Et on trouve toutes sortes de moyens de l'éviter, de se rassurer. Quand on vit avec le manque, qu'on y fait face chaque jour, on ne le redoute plus. On sait que l'abondance est un état d'esprit, et qu'il se trouve là où on le sème.
Les enfants savent cela. Ils vivent le moment avec tout ce qui est. Aiment de tout leur coeur. Jouent les mains dans la terre.
Je pense qu'on devrait vivre avec un diagnostique médical collé au front. "Vous êtes atteint d'une maladie incurable: la vie". Ce que vous redoutez arrivera inévitablement. La fin. Tout le reste est bonus. Tout le reste est un jeu. L'espace pour tous les rêves, tout le bonheur, toutes les folies.
La peur c'est comme du plomb dans nos veines. La peur c'est la liberté qu'on étouffe.
La peur, bien sûr que ces enfants, ces hommes et ces femmes l'ont au creux du ventre. Dans ce petit village où l'air est humide et lourd, et où la maladie et la faim tenaillent comme des animaux féroces qui s'apprêtent à bondir à la première faiblesse. La peur est là, mais l'espoir est plus grand. Tant qu'il y a la vie. L'espoir est ce joyau infini à protéger. Et garder bien au chaud dans la tempête.
Quand il peut briller de son plus grand, de son plus beau, il attire à lui tout les possibles.
Il éclaire ce qu'il reconnaît à sa grandeur.
Il y en avait des joyaux dans les yeux que j'ai croisés ici, dans ce petit village au bout du monde.
Et puis au bout du monde par rapport à où, après tout..
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