Aujourd'hui, je suis en Indonésie. Je me suis transportée là-bas ce matin parce qu'il faisait trop froid ici. L'hiver qui ne finit plus. En plus, c'était tout gris. J'en ai eu marre. Je n'avais pas envie de ressembler à ces têtes toutes pareilles qui cherchent le soleil...
Me voici donc sur une île d'Indonésie. Enfin. Je respire. J'ai retiré mes grosses chaussettes de laine, et puis tout ce qui aurait pu couvrir ma peau des rayons du soleil. Et je me suis allongée tout près du lagon. Bleu turquoise. Transparent. Sous lequel une foule de petits poissons frétillent et un vaste univers grouille, caché.
C'est silencieux. D'un silence différent de celui que procure les bouchons pour les oreilles, la nuit. D'un silence que j'avais presqu'oublié. Mais qui m'est à la fois si familier. Ce doit être qu'il est ma vrai nature. Un silence plein. Plein du chant des oiseaux à l'horizon. Ne me demandez pas lesquels, je ne connais pas leur noms. Il y en a une multitude, et de ceux qu'on ne retrouve pas ici. Je les comprends bien. Ils resteraient englués dans la fumée des voitures. Ou mourraient de froid au dehors des portes verrouillées..
Le vent aussi je l'entends. Je le sens. Et je regarde les nuages au ciel. Qui avancent. Ou bien c'est moi qui avance? Non, non, c'est bien eux. Je me demande où ils vont, les nuages. Et s'ils reviennent. Si on peut voir deux fois le même nuage..
J'entends une petite fille rire au loin. Elle est toute migonne, a la peau très mate et des cheveux noirs. Elle me regarde en rigolant dans ses mains, timide. Sa mère est derrière elle et porte un enfant enveloppé dans son dos. Elle me sourit. Elles vont vers le lagon, se baigner, se laver. Je crois qu'elles habitent dans la petite cabane qu'on peut voir, derrière la colline. J'y vois même les chèvres.
Oh- j'entends les cris de la petite fille. Elles viennent de pêcher un poisson.
Je suis bien, là. Loin des queues à l'épicerie. Pour acheter ce dont j'ignorerais l'existence si ce n'était dans l'allée d'un supermarché.
J'avais même oublié que j'étais nue. Si ce n'était ce truc chaud et visqueux qui vient de tomber sur mon épaule. Pas grave. Ce doit être bon pour la peau. D'oiseaux comme ceux-là..
Ce soir, j'irai me promener longtemps dans le petit village. Je mangerai une mangue. Je regarderai les étoiles tomber dans la mer. Je me lèverai à l'aube pour partir à bicyclette. Juste à l'heure où l'herbe est encore fraîche. Pieds nus sur les pédales. J'irai plus vite que le soleil se lève. Je mettrai une fleur dans mes cheveux. Et des baies sauvages autour de ma bouche.
J'ai le droit. C'est mon monde.
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