Il y a une infestation de fourmis chez-moi.
Des petites, des plus grosses. Des discrètes, des sans-gêne, qui montent jusque dans les boîtes de céréales et qui entrent dans les paquets de biscuits.
C'est embêtant. Il faut les tuer. Si on ne les tue pas, ils prendront possession de l'appartement.
Oui, il faut les tuer.
J'en tue beaucoup. Dès que j'en vois une, je la tue. Même pas peur.
Mais à chaque fois, j'ai comme un petit -léger je vous rassure- pincement au coeur. Je me dis que je lui ai quand même enlevé la vie à cette fourmi. Je me dis qu'elle a peut-être des petits, une famille, un mari. Et "zoup", éliminée. Elle laisse même une trace noire sur le mur. Du sang noir?
L'autre jour, elle n'était pas encore morte quand je l'ai mise dans le cabinet des toilettes. Affaiblie, mais encore en vie. Je l'ai regardé se débattre dans l'eau de la cuvette, et j'ai appuyé sur la chasse d'eau. En voyant le déluge arriver, j'ai pensé que ce devait être comme une tornade pour elle. Un immense ouragan. Ou plutôt un tsunami.
Et ses proches parleront peut-être longtemps du déluge de ce jour-là, qui a emporté fourmi Téméraire. Un drame au village.
Et je me suis sentie très très confuse. Non pas pour être gentille, ou des banalités comme cela.
Non.
Je me suis fait la réflexion qu'on était sans doute tous la fourmi de quelqu'un d'autre.
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