dimanche 16 février 2014

L'imagination

J'ai des petites angoisses depuis quelques temps, dans le métro. Quand le wagon arrive à toute allure, j'ai peur de sauter devant. D'y être comme projetée par un élan soudain, une folie passagère, une perte de contrôle qui serait fatale... Ou des mains invisibles. Je me surprends à me rapprocher de plus en plus du mur derrière, j'observe un serrement dans ma poitrine et mon coeur se met à battre aussi vite que le métro qui avance sur les rails. Je sais: c'est complètement irraisonné, déraisonnable. Les peurs n'ont pas de raison, mais elles sont là quand même. Et elles semblent de plus en plus réelles si on laisse aller notre imagination.

Cette semaine, je me suis fait cambrioler. Pourtant, je n'ai jamais eu peur des voleurs. Souvent, je ne verrouille pas la porte quand je suis chez-moi, je laisse les rideaux ouverts le soir, je me promène toute nue. Ou les trois en même temps.
Je suis arrivée en fin d'après-midi, la porte était ouverte et le cadrage saccagé. On était entré par effraction dans l'appartement. Sans faire beaucoup de dégâts, on avait voler mon intimité, quelques bijoux, deux ordinateurs. Pour les diamants et l'électronique, il y a les assurances. Pour l'intimité, il n'y a rien.
On nous apprend à ne pas parler aux inconnus ni accepter leurs bonbons, à ne pas raconter les secrets, à cogner avant d'entrer, à ne pas fouiller dans son nez (ce dernier n'est peut-être pas d'à-propos). L'intimité est en quelque sorte ce que l'on possède de plus précieux. Qui ne s'achète ni ne se vend, qui se préserve seulement.

Les jours qui ont suivis, j'ai mal dormi. Je guettais le moindre bruit, le jour et la nuit. Je prenais ma douche la porte ouverte pour tout voir, tout entendre, au cas où... Ils reviendraient.
La policière m'avait bien dit: "C'est normal d'avoir peur, mais ils ne reviendront pas. Ils ne vous en veulent pas à vous, ils ne veulent que voler." J'imaginais qu'ils revenaient. Pour me kidnapper, moi. Et me secouer très fort pour faire sortir tout l'or que je pourrais cacher... Ce n'est pas rationnel, les peurs.

Maintenant, je ferme les rideaux le soir, la porte de la salle de bains quand je prends ma douche et je laisse celle de ma chambre entrouverte la nuit.
Mais j'ai beaucoup moins d'angoisses quand j'entends le métro approcher de la station.
L'imagination se déplace et voyage elle aussi...
C'est divertissant être moi, non?!


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