Quels sont les mots?

J'ai son visage et ses mots dans la tête depuis hier.
Vu aux nouvelles. Je ne voulais pas regarder, puis j'ai tourné la tête, c'était trop important de voir.

Voir. Ne pas détourner la tête.
Mais ça a fait craquer mon coeur.
Quand sa tête à lui a explosé.

Quand j'étais enfant, dans la cour d'école, j'ai vu des garçons se battre, ou s'en prendre à un plus faible. Cela me faisait un peu le même effet. La violence qui fait craquer mon coeur. J'aurais tout fait pour l'arrêter.

Je pense que pour certains, la violence c'est leur quotidien. Leur façon de s'exprimer, les mots dans leurs mitraillettes. Ils ont vu, ils ont entendu, ils ont appris.
Malheureusement, l'Homme possède une incroyable faculté d'imitation et d'adaptation à l'impensable.
Certains fermiers tuent des poulets, d'autres égorgent des êtres humains.

J'ai la bénédiction de n'avoir effleuré la violence que dans ma cour de récréation.
Et hier, j'y ai pensé. La peur est un peu entrée par la fissure que les images ont laissée.

Je me suis dit que s'ils me kidnappaient moi aussi, je serais bien impuissante.
Je ne pourrais pas leur faire mes sourires. Ma gentillesse ne servirait à rien. Toute la douceur du monde, les clignements de cils, les mots gentils, les cadeaux en chocolat...
Je me ferais exploser la tête moi aussi.
Tout le langage que j'ai appris serait impuissant et vain face à la violence.

Alors, je fais quoi, je me promène avec une machette?
Comment parler avec la violence, quels sont les mots?
Parce qu'on ne peut pas juste détourner les yeux.