mardi 21 octobre 2014
Inconnu
Je suis descendue du taxi, et je l'aurais invité à rentrer. Faire un couscous.
Me parler de son pays de soleil, de sa grand-mère. Que ses mots s'emballent, que ses yeux s'éclaircissent.
Sa musique Ya Rayah, qu'il avait mise plus forte pour me la faire entendre, sonnait toujours dans mes oreilles...
Je lui ai dit aurevoir en prenant mes sacs, sachant que je ne le reverrai probablement jamais plus. Dans ces moments-là, j'aimerais avoir un pouvoir magique. Et envoyer une bénédiction par ma main qui s'agite.
Comment peut-on aimer avec des limites?
Comment peut-on vivre sans engager tout son coeur?
Peut-être que c'est plus léger pour avancer.
On peut me reprocher de ne pas délimiter l'espace autour de moi. Celui de mon coeur. Que tous y aient une place réduirait celle de chacun.
Alors il faut mettre une clôture? Ne pas laisser entrer les chauffeurs de taxi?
Un jour, on choisit une personne avec qui faire sa vie, puis on a une famille. Et notre jardin s'arrête là. Parce qu'on n'a pas le temps, qu'on est fatigués, que les caissières ne sourient jamais de toute façon, et que les chauffeurs de taxi ça puent. On a choisit les gens à aimer: 1+1+1+1+1.
Y'a plus de place. Le coeur est plein, il ferme la porte.
Sans doute que jamais je n'aurai tout l'espace de mon coeur uniquement que pour les gens proches de moi.
Sans doute qu'ils devront toujours partager leur place avec le monde entier.
Je ne serai jamais capable de mettre une clôture. Ni une pancarte "Défense d'entrer".
De toute façon, les pancartes, ça ne sert qu'au pipi de chien.
Et les inconnus, ils ne le sont qu'avant d'être connus.
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