Il était assis là, devant le Starbucks, tenant une casquette au bout de sa main droite.
C'était l'heure de midi et un grand soleil plombait sur les rues gelées. Il faisait moins quarante-douze dehors, et tout le monde se précipitait sur les trottoirs, pressés de rentrer au chaud...
Lui, il ne bougeait pas. C'est cela, la foi?
Je n'y prêtais pas attention, moi aussi cachée au fond de mon capuchon, le pas rapide, concentrée à ne pas glisser. Jusqu'à ce qu'une jeune femme s'arrête près de lui. Là, je l'ai aperçu. Autrement, je serais passée à ses côtés sans le voir?
Elle a parlé très doucement, je n'ai vu que ses lèvres bouger. Elle lui a demandé ce qu'il voulait manger. Il a répondu quelque chose, et elle a dit: "café, c'est tout? D'accord." Puis, elle est entrée dans le Starbucks. Tout simplement.
Juste parce que c'est naturel d'offrir à manger, quand on peut manger.
Juste parce que l'autre est un frère, un ami.
Je suis arrivée au même moment, sans glisser, devant cet homme avec sa casquette tendue. On s'est regardé, on s'est souri.
Juste comme ça, parce que le soleil brillait, parce qu'un ange était passé, parce qu'il allait bientôt boire un café bien chaud... Et c'était tellement beaucoup. C'était tellement beau.
Cet homme, il ne courait pas sur les trottoirs. Il croyait en ses anges.
J'ai repensé au jour où j'avais croisé un homme en chaise roulante qui demandait des sous.
J'étais entrée dans le café à côté lui prendre un café. Quand j'avais dit à la dame que c'était pour l'homme dehors, elle m'avait proposé un sandwich aussi. "On en garde pour les employés, je vais voir s'il en reste.." Ses yeux s'étaient mis à briller. Elle avait soudain semblé si heureuse de pouvoir contribuer.
C'est le battement d'ailes d'un papillon. Il s'agit d'un geste. Pour modifier le vent...
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