JOUR 5 - 11 mars
5 jours, c’est presqu’une semaine, cela !
Bravo. Ça passe vite, et en même temps, c’est beaucoup. J’arrive à garder de
l’ordre dans ma tente, mais l’amélioration est quand même possible. Il faut que
j’enlève le sable qui s’accumule, et que je trouve une façon de mieux ranger
mes vêtements parce que je ne trouve rien, quand il fait noir à 5 :30 du
matin. À chaque vie ses petites préoccupations..
Hier, je n’arrivais pas à
m’endormir, pas fatiguée ; excitée comme si j’avais pris dix cafés. J’ai
bien dormi mais j’avais comme un trop-plein d’énergie. Et ce matin, réveillée
avant le gong, j’étais même en avance au satsang ! (je me suis trompé dans
le calcul de mon temps).
À la cuisine, un des karma yogi, Shiva,
s’occupe de faire le pain. À chaque jour, cela embaume partout autour, l’odeur
du pain. Il le fait selon son humeur qu’il m’a dit ; seigle, cannelle…
Quand il sort ces beaux petits pains tout ronds du four, il les amène dehors,
où on est en train de couper les légumes. Ils sont encore tout chauds, on en prend des morceaux avec nos mains. Parfois, il prépare de l’huile d’olive pour
le tremper. C’est un de nos moments préférés ; la sortie du pain. Et on
aime Shiva aussi pour cela; celui qui nous
donne le pain. Ce n’est pas rien.
Je vais toujours me rappeler de lui pour
cela. Et aussi parce qu’il le fait avec tout son cœur.
Il me dit : c’est
simple, tu mets les ingrédients ensemble et tu pries. Il bénit son pain, et
c’est ce qui fait la mie si tendre. Le goût délicieux, c’est celui de l’amour. Ce
Shiva étudie en neurosciences, et il pense qu’il doit déjà commencer par être
bien avec lui-même avant de pouvoir guérir les autres. Tellement de gens
extraordinaires. Chacun a son histoire passionnante à raconter.
Il y a des moments où je suis fatiguée, où je
me sens horrible avec mon filet sur la tête et mon tablier de cuisinière, où
j’ai envie d’être propre, d’un massage, ou juste de me plaindre, qu’on s’occupe
de moi. Et le moment d’après, je me sens bénie et entourée. Privilégiée pour
tous ces moments, pour tout cela. Le sentiment de gratitude est plus fort. Au
début et à la fin de notre quart de travail, on fait une prière et un chant, en se tenant la main. Au
moment de servir le repas aussi. J’aime beaucoup ces rituels et ces moments.
Comme des parenthèses, des moments où la grâce peut se frayer un chemin parmi
nous. Quand on s’arrête, qu’on regarde la beauté ; qu’on observe, qu’on
s’oublie.
Souvent, pour moi, il y a comme le temps qui s’arrête à ce moment. Comme
en suspens. Et je regarde les gens.
Parfois, j’aimerais que ce soit possible
d’arrêter vraiment le cours du temps : hop, comme ça. En claquant des doigts. Que tout reste
immobile dans l’air pendant un moment. Et que je puisse me faufiler,
m’approcher plus près. Entrer dans un regard, écouter battre un cœur, sans
qu’on me voit..
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