Je ne sais plus ce que c'est que d'avoir un chez-soi. L'endroit où l'on revient, quand on revient chez-soi.
Il y a quelques endroits dans le monde où je me suis sentie chez-moi. Ce n'était jamais un lieu précis, mais les gens qui m'entouraient. C'était le sentiment de me sentir à la maison. Et ce doux réconfort peut se transporter un peu partout, comme une maison sur le dos.
Je me suis aussi sentie très loin de chez-moi, plusieurs fois. C'était quand les murs n'avaient pas de chaleur, que l'escargot marchait nu sans sa coquille.
Je parlais avec une musicienne vénézuélienne. Elle a quitté son pays pour d'abord faire une école en Russie. Puis, a gagné une bourse pour venir en France apprendre le français. Elle vit en ce moment à Paris. Parfois, la vie ne nous demande pas tellement notre avis. Elle a déjà décidé pour nous. C'est intéressant de regarder en arrière, de constater que ce qui nous a mené là, nous a mené par-là, pour nous mener ici..
On se disait qu'une fois partie, c'est presqu'impossible de revenir chez-soi. Le chez-soi d'où l'on vient, celui d'inscrit sur notre passeport. Comme si le chemin s'efface derrière soi. Je pense que des oiseaux viennent manger les petits bouts de pain laissés pour retrouver la route. Avec le temps, le chemin vers chez-soi n'existe plus, parce qu'un nouveau se dessine.
J'ai toujours été touchée par les gens qui demeurent fidèles à leur pays, leur ville, leur maison. Ceux qui plantent des arbres et qui les voient pousser, comme leurs enfants.
Le pire serait de s'accrocher à un chez-soi de murs, de briques, de forêts. Mettre une clôture autour et croire que le bonheur se trouve là, que l'ailleurs est hostile.
L'important n'est pas de décider d'un chez-soi, puisque je ne pense pas qu'il s'agisse d'un endroit. On est tous sur la Terre pour un temps emprunté, de toutes façons.
Il s'agit peut-être de découvrir le chez-soi qui se transporte. Quand on est loin de chez-soi...
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