samedi 23 juillet 2016

Barbecue

Il s’est levé pour nous saluer, a déposé par terre la petite fille qu’il tenait sur ses genoux, et debout le dos à demi plié, il s’est excusé : « Lumbago.. ».
Sa fillette me regardait fixement dans ses petites lunettes roses, d’où elle voyait un très joli monde en couleurs -si j’en crois toutes les histoires qu’elle avait à raconter sur le bout de sa langue, ses cheveux blonds en broussailles volant avec elle sur la même planète... Quand sa maman est arrivée plus tard, elle lui en a rapidement fait un chignon.
Pourquoi les mamans attachent les cheveux qui volent, et pourquoi les papas ont des lumbagos ?

C’était un petit barbecue dans la proche campagne ; une magnifique maison de famille, une grande terrasse et des ânes dans le jardin. On buvait mousseux, bières et Mojitos, les enfants se gavaient de chips, et cherchaient des bouts de bois pour griller les guimauves au feu de ce soir. 
Probablement que dans chaque coin du monde, les barbecues se ressemblent :
Il y a des enfants qui jouent, qui crient, qui pleurent, qui tirent sur la jupe de maman. Il y a des mamans qui mettent des shorts sous leur jupe, sachant que fiston va se cacher dessous… Des mamans qui prennent un autre Mojito, et une cigarette en cachette, pour s’inventer un moment de liberté. Des mamans qui parlent entre mamans de choses dont seules les mamans peuvent comprendre, des confidences et des fous rires, pour s’évader un peu de leur quotidien.
Il y a des papas qui ont pris du ventre, parce qu’ils n’ont plus le temps pour leur jogging, ni le football entre les copains -sauf celui à la télé, avec le sac de cacahuètes... Des papas aux yeux cernés, qui d’une main font cuire les saucisses, de l’autre attrapent le chien qui fait peur à fiston, du coin de l’œil lisent un message sur leur téléphone, et d’une oreille essaient d’écouter ce que leur femme raconte aux copines..
La majorité des couples sont dépassés, n’arrivent plus à se comprendre ou à se rejoindre, et tentent de préserver la famille comme un château de cartes qu’on aurait collé avec du papier adhésif. C’est ce que je vois dans les barbecues, quand je me faufile entre les papas qui cuisent trop de saucisses, et les mamans qui boivent trop de Mojitos.
Et il y a toujours ce mec seul, qui fait pitié à tous les autres : « Le pauvre, je ne comprend pas pourquoi, il est pourtant si charmant.. » « Trop ambitieux, pas de place pour autre chose.. » « Ce doit être ces pantalons, très mauvais goût ».
Hum.. Il est peut-être heureux. Il ne partira pas de la soirée à 22h, il pourra faire la grasse matinée demain matin. Il a encore cette légèreté quand il rit trop fort.

Il a peut-être d’accord, des pantalons un peu trop courts, mais n’a pas de Lumbago !

Aucun commentaire: