mardi 1 novembre 2016

Temporaire


J'étais au Népal, sur un chemin très étroit qui montait vers la montagne. J'avais un peu peur que le taxi caravan dans lequel nous avions pris place bascule dans le néant -qui se trouvait à deux centimètres sur le bas-côté.. Au bout d'un moment, alors que je m'étais accoutumée à la route, nous sommes passés devant des motocyclettes arrêtées et rassemblées. Il y avait une ambulance aussi. Je n'ai pas voulu regarder, mais j'ai vu. Un homme au sol, le crâne ouvert, beaucoup de sang. Il avait chuté de sa moto.

J'ai senti dans mon coeur sa vie qui s'envolait, j'ai eu le regard et l'âme ailleurs tout le reste de la journée. La vie si fragile.. qui s'étend de rouge par terre en une fraction de seconde.


Alors je suis tiraillée. Entre l'envie de vivre chaque jour comme le dernier, et celle d'étreindre trop fort tout ce qui passe pour qu'il devienne éternel.
Vivre, toute légère, sautant d'un nénuphar d'instant à l'autre... Et tirer sur l'éphémère, le serrer de toute mes forces contre moi pour ne pas qu'il m'échappe.

Tout est temporaire sur cette Terre, on m'a dit. Cela explique qu'on ne prenne pas les choses au sérieux, ou que tout devienne d'une importance fascinante.
Mais je rêve d'absolu. Et j'y goûte, je l'effleure quelquefois de mes doigts. En embrassant. En regardant une fleur, un coucher de soleil. En rêvant..

Je suis, comme chaque chose sur cette Terre, complètement paradoxale. Puisque détenant les deux éléments à la fois. Un bout d'éternel, un bout de matériel. De matière et de divin.
La vie est aussi temporelle qu'infinie. Se recréant sans cesse, sous diverses formes.
L'amour est infiniment fragile et cassable, et à la fois sans limite, sans rebord, sans fin.

Je veux vivre comme si ce jour était le dernier, mais construire sur cette Terre quelque chose qui restera.
Je veux aimer d'un coeur toujours nouveau, mais que jamais l'amour ne se fane.

Je suis d'humain et d'étoile.