samedi 18 février 2017

Boîtes de conserves

C'est l'histoire d'amour en boîte de conserve.

Il nous a invité pour un apéro chez-lui "Il va y avoir ma nouvelle petite-amie aussi.."
On arrive un peu en retard, il nous attend, et les bols de croustilles sur la table aussi.
Il m'offre: "Qu'est-ce que tu veux, j'ai du blanc". Si je n'aime pas le blanc.. tant pis pour moi.
Elle, s'en moque un peu, que l'on soit là ou pas. Elle s'ennuie de toute façon.
On fait les présentations. La belle petite-amie qu'il est tout fier de présenter est vêtue d'une jolie robe ouverte dans le dos, et a dix-huit ans. Il en a soixante-dix. Elle est thaïlandaise, il est français.
Il dit: "Je n'ai pas pris la moins jolie, hein.." Elle ne parle pas notre langue, elle a le regard triste et joue avec le petit chien, qui a aussi été acheté pour remplir le vide de l'appartement.
J'ai tout sauf envie de discuter avec cet homme soudainement.

On prend l'apéro dos à la véranda, les portes fermées, à l'air conditionnée.
Je bois mon vin blanc trop vite, et grignote sans avoir d'appétit, juste pour faire quelque chose de mes dix doigts..
Il me raconte comment cela se passe ici en Thaïlande, entre les femmes thaïs et les 'farangs' (occidentaux). Il vante le nombre de ses conquêtes. J'ai envie de vomir.
C'est comme un business, sauf qu'il s'agit d'êtres humains. Il lui fournit l'argent pour nourrir toute sa famille (dont ses parents et son enfant de neuf mois), elle lui donne de l'affection, du sexe, une présence..
Mais comment fait-on, puisqu'il s'agit d'intimité, de coeur, de liens, d'émotions. J'ai l'impression que l'on parle de boîtes de conserves.

Quand il me raconte tout cela avec un mélange de sarcasme, de froideur, de dépit. Qu'il parle d'elle comme de la dernière lampe qu'il vient de se procurer... C'est comme s'il tordait mon coeur de ses deux grosses mains, pour en extraire tout l'espoir qu'il peut contenir.
Je ne sais pas qui ou quoi a piétiné ses illusions, un jour. Mais je refusais qu'il fasse la même chose avec les miennes, de ses souliers vernis.
Alors, il riait, il se moquait de moi: "Hahaha, l'Amour..."
Moi c'est le col de sa chemise que j'aurais voulu torde.

Je vous supplie de préserver les choses autour; les gens, la vie, la beauté, les valeurs.
Pour le bien de notre monde.
Pour que la beauté existe, il faut d'abord y croire, la protéger en soi.
Ne laissez personne détruire ce dont vous avez un jour rêvé.

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