lundi 20 mars 2017

Aimer avec un couteau

Est-ce que c'est possible de vouloir casser ce qu'on aime?
C'est comme les petits garçons qui jouent avec leur jouets. Ils veulent les casser pour voir comment c'est fait, de quoi.
Quand j'étais petite, je mordais. Les stores dans ma chambre, mes poupées, mes frères et soeurs. Un jour, ma mère a décidé de me mordre pour me montrer ce que cela faisait. Cela m'a rendu tellement triste, me faire mordre. Elle n'avait rien compris du tout. Moi je mords par amour. Ce n'est pas la même morsure que celle faite pour punir ou faire la leçon.

Faire mal pour que l'autre ait une trace. Pour exprimer l'amour. Parce que sinon, comment on fait? Être gentil, faire des sourires, faire des cadeaux.. C'est ennuyant, et jamais assez. On ne voient pas bien l'amour par la douceur. On endort l'autre avec la douceur. Bien vite il ferme les yeux et se met à ronfler. Il faut quelque chose de plus fort.
Parce que c'est comme cela; les gens s'habituent à la présence de l'autre, qui devient normale, coutumière. Et on ne sait même plus qu'on s'aime, ni pourquoi. Ça peut être tellement conventionnel, l'amour tranquille. N'importe quel amour- amis, amants, patron, famille..

Il faut le manque. Il faut réaliser que l'on peut perdre. Il faut que l'amour reste fragile.
Alors il faut pincer, faire mal un tout petit peu, sortir du rêve. Voir si l'autre aime quand même après. Le démon autant que l'ange. Le volcan quand il explose. Non pas seulement quand il est joli montagne et petites fleurs dessus.
Les gens ne sont pas tous prêts à être mis en danger comme cela. Ils aiment aimer sous les couvertures, bien au chaud, protégés.
J'aime aimer quand c'est pire. Parce que le reste c'est facile. Aimer l'idée qu'on se fait de l'amour, et de l'autre.
Parfois, moi aussi je me fais croire que je veux l'amour paisible et doux, qui roule comme un nuage. Mais il n'y a rien là-dedans que je peux mordre. Ce n'est que mousse. 

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