vendredi 17 mars 2017

Nu-pieds

Je me rappelle mon premier appartement, à Montréal. Mon père était passé un jour sans que j'y sois, s'était probablement désolé du vide autour, avait fait une grande épicerie et rempli frigo et placards. J'étais entrée, découvert la surprise. Je me souviens d'avoir été touchée par le geste... Puis de ne pas avoir su quoi faire de toute cette abondance.

Il y a une mince ligne entre confort, et ce léger déséquilibre, cette instabilité qui nous pousse à grandir et à prendre des risques. J'ai souvent alterné entre confort douillet et condition précaire. Le premier m'a amené à m'opposer, à exprimer ma différence, à prendre position. Le deuxième m'a fait vaciller pour m'apprendre à tenir droit, à trouver mon ancre à moi, m'a rendue plus forte.

Le confort est dangereux, on peut s'y laisser couler comme dans un délicieux bain chaud et mousseux, devenir paresseux ou endormi. En même temps, dans le confort, on peut voyager dans certaines parts de soi que l'on oublie lorsqu'on marche sur un fil, que la survie est la priorité.
Dans le confort, on peut s'attarder à d'autres aspects de l'existence puisque les besoins essentiels sont comblés.

C'est en sortant de cette zone de confort que l'on peut grandir. En se confrontant au monde, à la vie, faite d'incertitudes, d'incontrôlables, d'imprévus, de dangers...
Je suis aventurière. Le confort m'ennuie. Les contrastes m'intéressent. Les piquants, les passages sinueux, ceux jamais empruntés. Peut-être parce que j'ai eu la conviction très jeune que je pouvais tout avoir, que l'abondance est aux bouts des doigts. Mais la facilité m'endort, je préfère aller chercher les choses par moi-même.
J'adore jouer à la princesse, mais le meilleur moment reste quand j'enlève mes talons pour marcher nu-pieds, et que je relève ma jupe pour mieux courir...

1 commentaire:

Marie Julie a dit…

Ton article me parle beaucoup, j'ai totalement la même vision ! Et ton écriture est vraiment sympa ;)