mardi 11 juillet 2017

Tattoos

Du siège où j'étais, je ne voyais que son bras couvert de tattoos, caresser les cheveux de son fils pour l'endormir.
Je l'ai observé pendant tout le voyage. Il a d'abord installé son garçon à côté de lui, devant l'écran portatif où il allait pouvoir regarder un film, et déposé un goûté au chocolat accessible de ses petites mains.
Pendant ce temps, papa jouait sur son téléphone. Facebook, textos, sa vie à lui..

Moi, de l'autre côté de l'allée, j'étais allongée vers la fenêtre et mes pieds dépassaient le fauteuil.
Il ne voyait de moi que mes pieds, je ne voyais de lui que ses tattoos.
La forme n'a pas tellement d'importance, il n'y a que le fond qui compte. On regarde les gens, on observe autour, et on décide: il est gentil parce qu'il a une grosse moustache, elle n'est pas drôle, elle a les lèvres pincées, il a la classe, c'est sa cravate..
On décide où est le vrai, où est le faux. Ça c'est de l'amour, ça c'en n'est pas.
Les apparences. On définit, selon ce que l'oeil voit. Mais ce n'est pas l'oeil qui sait, c'est le coeur.

Quand on était près d'arriver, le papa Tattoo a très délicatement caressé le visage de son fils pour le réveiller. Il lui parlait tout bas. Puis, il a ouvert les rideaux, lui a expliqué où on était..

L'amour ce n'est pas confettis de couleurs, klaxons et ribambelles.
L'amour, la vie, ça ne fait pas de bruit. C'est juste là, posé, comme une fleur qui ne demande rien. Ce n'est pas un verbe, c'est une respiration.

Quand il a eu son fils sur ses genoux, je n'ai pu m'empêcher de les regarder du coin de l'oeil, en me redressant. Nos regards se sont croisés, il m'a sourit. Il ne savait pas que je l'observais depuis tout à l'heure.

L'amour que l'on donne voyage, peu importe d'où il part et comment, même timidement, il colore au-delà les vallées que les trains arpentent.

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