dimanche 27 juin 2010

Je prenais un petit café, avec une amie, sur une terrasse.
La vie est jolie; deux petites vies qui se racontent, au coeur de Paris. Tranquille, paisible.
Un grand camion est passé devant nous, et des bruits de sirènes qui l'ont précédé et suivi. Et des cris, à travers les grillages. Minuscules trous où ils passaient leurs mains et nous hurlaient des noms, le mépris et la haine dans la voix. Des prisonniers, probablement, que l'on changeait de prison. Transportés comme on le fait du bétail. A peine de trous pour respirer. Le moins possible de chance pour regarder dehors. Ou d'être vus.
Et en deux minutes, ils étaient passés. Sirènes au loin. Ni vu ni connu. Et la vie reprenait son cours. Et les petits oiseaux piaillaient, et une dame commandait un croissant avec son café, et une jeune fille éclatait de rire, téléphone à la main. Et un homme sur la rue regardait les jambes des filles défiler. Tout redevenait normal, paisible et calme.

Mais moi, j'avais le coeur bouleversé. J'étais indignée.
Comment peut-on enlever toute leur dignité à des êtres humains sous prétexte qu'ils ont fautés? Comment peut-on accepter cela? Leur enlever leur condition d'humain, et prétendre que c'est pour le bien de la société?! Prétendre que c'est pour les changer, les éduquer.
On ne fait pas meilleur en faisant pire. Des chiens qu'on enferme dans une cage ne deviendront jamais ceux qui guident les aveugles. Comment un être humain que l'on dénigre pourrait devenir un exemple pour la société?

Bien sûr que c'est plus facile à gérer de mettre les gens qui dérangent dans un grand camion et de fermer à double tour. Bien sûr que ça fait moins de bruit. Et comme ça, on peut continuer notre vie bien tranquillement. On peut continuer à prendre son petit café en paix.

Mais c'est pas nos cafés qui vont changer le monde.

Pour espérer un monde meilleur, commençons donc par tendre vers cela nous-mêmes. Et que nos actes en témoignent. Et pour cela, n'acceptons plus l'inacceptable. Ni dans nos vies, ni pour nous-mêmes, ni pour quiconque.

A la terrasse, devant notre petit café, le monde peut sembler bien beau.
Mais si l'on se lève pour y marcher, il le sera vraiment.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ne pas accepter l'inacceptable? C'est ce que le système de justice a fait avec ces gens, il me semble...
(parrain)

Anonyme a dit…

J'abonde dans le sens que parrain (est-ce l'äge?...)
L'histoire du monde a démontré une chose: l'homme est capable du pire.
Ainsi, les racines du Mal sont plus vigoureuses que celles du Bien.
Le Mal est tel qu'une mauvaise herbe dans ton jardin. Si tu ne l'enlèves pas, elle aura tôt fait d'étouffer tes rosiers.
Et jamais tes rosiers ne donneront de roses.
(frère aîné du parrain)

Charlène a dit…

Au deux frères du bien:
Je crois humblement que le mal, même arraché comme une mauvaise herbe, repousse inexorablement.
Je crois aussi que l'on doit plutôt apprendre à vivre avec le mal et l'apprivoiser. Celui en nous, celui en l'autre. Pour arriver à créer une harmonie dans notre jardin..
Je vous embrasse -en bien et mal! ;)

Anonyme a dit…

coucou ma jolie Charlène, je t'ai perdue de vue! mais te retrouve sur ton blog, tu me manques, ta poésie, ta fraîcheur, appelle-moi!

Ton amie Khamkéo 06 2979 7332